jeudi 3 décembre 2009

La Télémédecine et démographie médicale

La DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) vient récemment de publier une étude datée d'octobre 2009 sur la durée moyenne en France de consultation auprès de différents spécialités médicales (1). On peut y lire que les consultations durent en moyenne 16 minutes chez le médecin généraliste. Elles sont en moyenne plus longues chez les spécialistes ayant dans leur patientèle une forte proportion de malades chroniques (cardiologues, psychiatre).

Avec la mise en place du dossier médical, des questions du patients liés à Internet, et dans certains cas de la diminution du nombre de médecins dans certaines pathologies et dans certaines régions, le temps médical disponible risque d'être compliqué à gérer et ce sans compter le temps à libérer pour les délégués médicaux.


Le Bus Santé
Pour faire face à ce manque de disponibilité médicale, la Mutualité de Picardie a lancé une expérience originale cet automne : Le Bus Santé. En effet, cette région souffre d'un manque cruel de médecins avec à peine 250 pour 100 000 habitants, quand la moyenne nationale est à 312. Dans ce bus, la durée moyenne de consultation est d' 1/2 heure et permet à l'infirmier d'effectuer un interrogatoire complet et de mesurer de nombreux paramètres et d'effectuer des tests de dépistage. Selon insiste Daniel Tourbe, président de la Mutualité de Picardie, «Le bus n'est pas là pour remplacer les médecins, mais pour compléter ce qu'ils n'ont pas le temps de faire» (2).


Et la télémédecine dans tout ça ?
L'article L6316-1(3) du Code de Santé publique créé par la Loi HPST (Hopitaux Santé Patients Territoires, HSPT) dite Bachelot du 21 juillet 2009 a introduit la définition suivante :
" La télémédecine est une forme de pratique médicale à distance utilisant les technologies de l'information et de la communication. Elle met en rapport, entre eux ou avec un patient, un ou plusieurs professionnels de santé, parmi lesquels figure nécessairement un professionnel médical et, le cas échéant, d'autres professionnels apportant leurs soins au patient.
Elle permet d'établir un diagnostic, d'assurer, pour un patient à risque, un suivi à visée préventive ou un suivi post-thérapeutique, de requérir un avis spécialisé, de préparer une décision thérapeutique, de prescrire des produits, de prescrire ou de réaliser des prestations ou des actes, ou d'effectuer une surveillance de l'état des patients. La définition des actes de télémédecine ainsi que leurs conditions de mise en œuvre et de prise en charge financière sont fixées par décret, en tenant compte des déficiences de l'offre de soins dues à l'insularité et l'enclavement géographique."

Madame Le Ministre Roselyne Bachelot-Narquin s'est récemment prononcée en faveur d'un amendement (N°592) sur la télémédecine qui "permet d'optimiser la qualité des soins par la rapidité des échanges au profit du patient. Elle est également importante pour l'efficience du temps médical et pour l'amélioration de l'accès aux soins sur l'ensemble du territoire, particulièrement en ces temps difficiles pour la démographie médicale" . Cet amendement visait à lever le principe d'interdiction du partage d'actes et déroger, pour les actes de télémédecine, au principe d'un remboursement réservé aux actes réalisés en la présence physique du patient et donc permettre le financement des actes de télémédecine (4).

A noter enfin que le Rapport Lasbordes propose aussi d'imposer le recours à la télésanté dans les cahiers des charges des maisons de santé, d'utiliser les nouvelles technologies afin d'optimiser les urgences, ou pour réduire les coûts de transferts dans les prisons, une source importante d'économie. 

Source :
(1) Rapport N° 704, Octobre 2009- DREES : Consulter un spécialiste libéral à son cabinet
(2) Le Figaro Santé, 09/11/09 : Un «bus santé» pour pallier le manque de médecins ruraux
(3) Loi HPST du 21 juillet 2009
(4) Intervention de Mme Bachelot Narquin en Séance du 29 octobre 2009

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