vendredi 25 décembre 2009

Les Serious Games en Santé : Nouveaux moyens d'éducation



Les Serious Games ou Jeux Sérieux sont de plus en plus plébiscités par les professionnels dans différents domaines tels que celui de la formation, de la simulation, du recrutement. En santé, ils sont utilisés dans la formation du personnel de santé, de l'éducation du patient et il existe des pistes pour une utilisation dans le cadre de la thérapeutique.

Les jeunes experts technologiques et technivores
Pour les enfants et les adolescents qui ont désormais une forte culture informatique pour un grand nombre d'entre eux, il est interessant de considérer ce moyen pour leur formation mais aussi dans le cadre de leur apprentissage des règles hygiénodiététiques face à l'émergence de l'obésité infantile. Pour se rendre compte de l'ampleur du phénomène et de cette culture technologique, le Pr. Claudia Johnston, Vice Présidente des projets spéciaux à Texas A & M - Corpus Christi University rapporte qu'arrivé à l'âge de 21 ans, un jeune américain aura :
- regardé 500 000 publicités
- passé 20 000 heures à regarder la télévision
- téléphoné 10 000 heures avec son mobile
- envoyé 250 000 e-mails
- joué 10 000 fois à des jeux vidéos
- et seulement 5 000 heures à lire

En cumul, ce temps technologique pourrait représenter jusqu'à un tiers de la vie de ce jeune américain.
L'enseignement traditionnel doit donc utiliser au mieux ce temps car la lecture ne constitue plus un media majeur d'information et il est clair que les jeunes européens se rapprochent de plus en plus de leurs homologues technivores.

Playnormous.com : référence du serious games en santé pour le jeune public
La prise en compte de ce temps technologique des enfants aux jeunes adultes doit être mis à profit pour utiliser au mieux ces nouveaux canaux de diffusion et notamment dans l'éducation en santé. Parmi les projets les plus actifs dans le domaine, Playnormous fait figure de pionnier et maintenant de référence. Ce site a reçu le Prix National du Mérite 2009 dans la catégorie site santé dédié à la Promotion de la santé.

Filiale d'Archimage, studio de design multimedia travaille avec les grandes institutions en santé (NIH, NCI, USDA) et fruit d'une collaboration avec le Baylor College of Medicine et University of Texas Health Science Center, Playnormous a pour objet d'utiliser un media fun, afin d'informer, d'éduquer et d'inspirer les enfants à faire des choix de vie plus sain en matière de nutrition et d'activité physique par le biais d'une communauté en ligne pour les enfants âgés de 6 à 15 ans, leurs parents et les enseignants.

Questions à Melanie Lazarus, Directrice Marketing de Playnormous
Melanie Lazarus est Directrice Marketing d'Archimage et de Playnormous. Ayant la joie de collaborer sur son site dédié aux serious games en santé, healthgamers.com, j'ai demandé à Mélanie de nous éclairer sur leur expérience et à la transposition de celle-ci en Europe .

Comment mesurez-vous les résultats obtenus et à ce stade (a) et quels sont, le cas échéant, les résultats déjà observés (b)?
a) Les Jeux Sérieux Playnormous  sont conçus sur des bases scientifiques prouvées.
Chaque jeu est créé en utilisant des contenus provenant d'institutions médicales et scientifiques de notoriété. Les chercheurs du Baylor College of Medicine avec lesquels nous collaborons ont utilisés également des groupes de discussion pour cinq des six jeux afin déterminer leur degré de maniabilité, de convivialité et de d'acceptabilité. Ces données qualitatives sont recueillies pendant et après la phase de jeu.

b) Le premier jeu pour lequel nous avons des données qualitatives est Food Fury.
Dans une étude pilote réalisée avec des enfants de 8 à 11 ans, ces derniers après avoir joué à Food Fury étaient capables d'identifier en moyenne 3,4  fois plus correctement les aliments qu'avant d'avoir joué.
Ceux qui joué plus d'une fois ont accru leurs connaissances de 60% sur les choix sains. Plus le temps d'exposition au jeu est long, plus ils se rapprochent des 100% d'identification correcte. Ces données ont été collectées par un chercheur à l'Université du Texas Health Science Center à l'aide de questionnaires avant et après jeu ainsi que des scores obtenus.

Comment votre expérience pourraient être adaptés en Europe (a) et quels conseils pourriez-vous 
donner pour démarrer un tel projet (b) ?
a) Les jeux sont une approche universelle pour communiquer avec les enfants de tous âges et de toutes origines. Les casual games, petits jeux vidéos ou sur internet dits "jeux occasionnels", sont en particulier très populaires en Europe. Si une société européenne ou organisation souhaite réellement s'investir dans la conception d'un jeu de santé, il est préférable de se rapprocher d'une entreprise de conception de jeu en santé qui possède  déjà une bonne expérience dans le domaine. Concevoir et mettre en œuvre un jeu de santé requière un grand nombre de personnes, et la courbe d'apprentissage peut être extrêmement coûteuse. Il peut alors être envisageable de contacter ceux qui ont déjà créés de jeux similaires. les designers de jeux sérieux en santé, tels que Archimage, peuvent élaborer un jeu de santé dès la conception ou rénover un jeu existant sur un thème de santé différent. Les jeux peuvent être multilingues et adaptés aux besoins d'un public ciblé. Il existe également des possibilités d'octroi de licences dans le cas d'un jeu existant et qui correspondrait exactement à vos attentes.

b) Cependant, si vous voulez essayer de construire vous-même un nouveau jeu, prenez le coût estimatif et doubler le. Rappelez-vous que des experts en fourniture de contenu seront nécessaires à certains stades de développement tels que des psychologues pour enfants, des nutritionnistes, chercheurs, médecins, etc pour s'assurer que le contenu en santé est exact. Comme indiqué à la précédente question, ill est également utile d'utiliser des groupes de discussion ou des études pilotes sur le public ciblé afin de s'assurer que votre développement est sur la bonne voie.

(Questions et réponses traduites de l'anglais - US)

Au lieu de réinventer la poudre, peut-être pourrions-nous nous inspirer de ces expériences et développer des collaborations avec des entreprises comme Archimage et Playnormous ?

jeudi 3 décembre 2009

La Télémédecine et démographie médicale

La DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) vient récemment de publier une étude datée d'octobre 2009 sur la durée moyenne en France de consultation auprès de différents spécialités médicales (1). On peut y lire que les consultations durent en moyenne 16 minutes chez le médecin généraliste. Elles sont en moyenne plus longues chez les spécialistes ayant dans leur patientèle une forte proportion de malades chroniques (cardiologues, psychiatre).

Avec la mise en place du dossier médical, des questions du patients liés à Internet, et dans certains cas de la diminution du nombre de médecins dans certaines pathologies et dans certaines régions, le temps médical disponible risque d'être compliqué à gérer et ce sans compter le temps à libérer pour les délégués médicaux.


Le Bus Santé
Pour faire face à ce manque de disponibilité médicale, la Mutualité de Picardie a lancé une expérience originale cet automne : Le Bus Santé. En effet, cette région souffre d'un manque cruel de médecins avec à peine 250 pour 100 000 habitants, quand la moyenne nationale est à 312. Dans ce bus, la durée moyenne de consultation est d' 1/2 heure et permet à l'infirmier d'effectuer un interrogatoire complet et de mesurer de nombreux paramètres et d'effectuer des tests de dépistage. Selon insiste Daniel Tourbe, président de la Mutualité de Picardie, «Le bus n'est pas là pour remplacer les médecins, mais pour compléter ce qu'ils n'ont pas le temps de faire» (2).


Et la télémédecine dans tout ça ?
L'article L6316-1(3) du Code de Santé publique créé par la Loi HPST (Hopitaux Santé Patients Territoires, HSPT) dite Bachelot du 21 juillet 2009 a introduit la définition suivante :
" La télémédecine est une forme de pratique médicale à distance utilisant les technologies de l'information et de la communication. Elle met en rapport, entre eux ou avec un patient, un ou plusieurs professionnels de santé, parmi lesquels figure nécessairement un professionnel médical et, le cas échéant, d'autres professionnels apportant leurs soins au patient.
Elle permet d'établir un diagnostic, d'assurer, pour un patient à risque, un suivi à visée préventive ou un suivi post-thérapeutique, de requérir un avis spécialisé, de préparer une décision thérapeutique, de prescrire des produits, de prescrire ou de réaliser des prestations ou des actes, ou d'effectuer une surveillance de l'état des patients. La définition des actes de télémédecine ainsi que leurs conditions de mise en œuvre et de prise en charge financière sont fixées par décret, en tenant compte des déficiences de l'offre de soins dues à l'insularité et l'enclavement géographique."

Madame Le Ministre Roselyne Bachelot-Narquin s'est récemment prononcée en faveur d'un amendement (N°592) sur la télémédecine qui "permet d'optimiser la qualité des soins par la rapidité des échanges au profit du patient. Elle est également importante pour l'efficience du temps médical et pour l'amélioration de l'accès aux soins sur l'ensemble du territoire, particulièrement en ces temps difficiles pour la démographie médicale" . Cet amendement visait à lever le principe d'interdiction du partage d'actes et déroger, pour les actes de télémédecine, au principe d'un remboursement réservé aux actes réalisés en la présence physique du patient et donc permettre le financement des actes de télémédecine (4).

A noter enfin que le Rapport Lasbordes propose aussi d'imposer le recours à la télésanté dans les cahiers des charges des maisons de santé, d'utiliser les nouvelles technologies afin d'optimiser les urgences, ou pour réduire les coûts de transferts dans les prisons, une source importante d'économie. 

Source :
(1) Rapport N° 704, Octobre 2009- DREES : Consulter un spécialiste libéral à son cabinet
(2) Le Figaro Santé, 09/11/09 : Un «bus santé» pour pallier le manque de médecins ruraux
(3) Loi HPST du 21 juillet 2009
(4) Intervention de Mme Bachelot Narquin en Séance du 29 octobre 2009